Daisuke Ichiba, (aka Bada), est un dessinateur japonais, extrêmement prolifique et c’est aussi un genre graphique à lui tout seul. Il vit à Tokyo, s’autoédite et se vend dans sa boutique de manga et vêtements d’occasion du quartier Koenji.
Il a façonné son univers dans la contiguïté du comic-book, du manga, de l’art contemporain, de lectures de poésie et de philosophie ainsi que dans l’écoute de musiques bruyantes.
Il cisèle de traits noirs un magma de visions oniriques sombres tel un laboureur incisif des sanies de l’âme.
Il le dit lui-même, il est aussi le peintre de la beauté, et ses femmes sont belles, errantes dans des égouts de perversion. Des photos collées évoquent la pesanteur rigide du corps social japonais.
Il est tueur de féerie, évoluant dans les marges tragiques d’un art brut.
Ezumi, l’héroïne de ce livre, porte sur le monde un regard déséquilibré. Une part de notre monstruosité s’incarne dans son oeil mort. Les collages et les textes grossiers réfractent sa grâce. La portée poétique est là, dans la constante résignation d’Ezumi. L’insupportable innocence de son regard est alors tranchée, éclaboussant la page de noir sang. Mais il ne s’efface pas.
Il dessine des femmes, de préférence en tenue d’écolière et borgnes au centre d’un univers oppressant, sordide inspiré des quartiers pauvres de l’après guerre. Il se reflète dans ses pages, un Japon d’angoisse et de pesanteur sociale face à la beauté et au mystère d’un regard d’écolière, fascinant. Un regard extra-ordinaire.